15 ans avant Sukkwan Island…

   Gary, la cinquantaine et un sentiment d’échec collé à la peau, décide de réaliser son vieux rêve : construire une modeste cabane sur une île isolée de l’Alaska et y vivre. Son épouse, Irène, le suit dans cette entreprise malgré de violents et inexpliqués maux de tête. Mais le lourd ressenti et les non-dits qui couvent sous ce couple en apparence tranquille vont peu à peu les plonger dans un gouffre de rancoeur… 

Dans son deuxième roman, sorte de préambule à « Sukkwan Island » (médicis étranger 2010), David Vann assied à nouveau son talent, et appuie là ou ça fait mal. 
Passées les premières pages, aucun répit, aucune trêve ne s’installe dans la quête obsessionnelle de ces deux personnages hantés par la solitude. L’un n’aura de repos que lorsqu’il aura planté le dernier clou d’un songe bancal, l’autre refusera de faire une croix sur son mariage par peur de l’abandon. Entre reproches muets et faux espoirs, le couple glissera lentement vers un point de non-retour, indifférent à leurs enfants qui, de leur côté, expérimentent les prémices de cet enfer.
Subtil et aiguisé, « Désolations » explore et ausculte les tréfonds du désespoir humain à l’heure du choix. Sombre et fort.
Désolations de David Vann – traduit de l’anglais par Laure Dérajinski – Totem (Gallmeister) – 9,80€