Les poètes se cachent pour mourir…

   Lorsque l’éditeur Karl Petersen débarque dans le port d’Helsingborg avec un contrat tout frais et une bouteille de champagne, il ne s’attendait certainement pas à trouver son auteur fétiche pendu au bout d’une corde. Jan Y Nilsson, poète et écrivain, semble en effet s’être donné la mort la veille d’achever un roman promis au plus grand succès. Si pour Petersen le suicide ne fait aucun doute, beaucoup d’éléments laissent croire à une mise en scène bien calculée…

« Les poètes morts n’écrivent pas de roman policier »… Un titre bien étrange pour un roman tout aussi étonnant… S’il est une chose dont on peut être sûr, c’est que Björn Larsson n’a pas fini de nous surprendre, tant sa capacité à se renouveler semble vaste.
Dans un pays qu’on associe désormais aisément au genre policier (rappelons nous le débarquement massif de ces polars « venus du froid », depuis le succès planétaire de Millenium), il choisit de faire la part belle à la poésie et prend plaisir à détourner et remanier les codes du genre. En immergeant le lecteur dans le monde (pourri ?) de la production éditoriale, il se joue des clichés et oppose – non sans une pointe d’ironie – poésie et littérature romanesque, échappant ainsi à toute tentative de classification. 
Peu importe pour l’auteur que ce soit ou non un roman policier, car au-delà d’une intrigue somme toute aussi classique qu’efficace, il s’agit surtout pour Larsson de nous livrer une réflexion juste et élégante sur l’intégrité d’un auteur et de la pureté de son art face à l’éternelle recherche du profit. C’est féroce et intelligent, drôle et satirique, bref, brillamment mené et accompagné d’un savoureux hommage à la poésie…
(A noter la complicité du poète Yvon Le Men, auteur des vers présents dans le roman.)
Les poètes morts n’écrivent pas de romans policiers de Björn Larsson – traduit du suédois par Philippe Bouquet – Grasset – 22€