JACQUES CHARDONNE
L’écrivain de la semaine
JACQUES CHARDONNE
(1884-1968)
Jacques Chardonne est mort en 1968, dans un anonymat compréhensible car on ne pouvait imaginer un écrivain plus dégagé, plus en retrait des revendications de son temps, lui qui s’était voué à une analyse tout aussi universelle mais plus délicate : celle du couple, de ses grandeurs et de ses désagréments – et avec une telle finesse qu’on a voulu en faire un écrivain de salon, millésimé, précieux, intellectuel : ce qu’il n’est pas, ou alors dans ce que cela implique de meilleur, c’est-à-dire un style tout en clarté et retenue, élégant, très « français » si l’on veut ; ensuite un ton très particulier de confidence, où le moraliste plein de sagesse cohabite avec le viveur inquiet, revenu de ses conquêtes… Les romans de Chardonne, bâtis en fragments et frappés de maximes inoubliables, sont vifs, ironiques et d’une grande beauté de langue : lui-même les voulait « ciselés comme des objets d’art »…
À la librairie, cette semaine, les derniers textes de Chardonne encore disponibles, en espérant que les autres soient réédités un jour, pour que le plaisir de sa lecture ne demeure pas un luxe de gourmet, un plaisir de happy few…