Wuthering Heights
D’Emily Brontë à Trestel en passant par Kate Bush
Chaque 30 juillet, un peu partout dans le monde, et de plus en plus, il y a des rassemblements pour danser la chorégraphie crée par Kate Bush sur son morceau Wuthering Heights qui est une variation autour du roman homonyme d’Emily Brontë. (Une des premières scènes du roman s’y rejoue.)
Il s’agit de célébrer la diversité des corps et des identités, Il s’agit du plaisir à danser ensemble.
Et ça tombe le 30 juillet parce que ce sont les anniversaires de Kate Bush et d’Emily Brontë.
Cette année, il y a un rassemblement dans le Trégor, sur la plage de Trestel.
Tout ça nous a donné envie de tirer un fil particulièrement fascinant de l’histoire de la littérature.
Entrons donc dans ces pages par la danse.
Entrons dans la danse par les textes.

Puisque c’est une porte pour rencontrer Les Hauts de Hurlevent, partons de Kate Bush: «sorcière du son», conteuse déterminée et extravagante, chorégraphe ultra-théâtrale, soprano pop, icône queer… Elle a été la 1ère femme autrice compositrice interprète à placer un morceau numéro un des ventes au Royaume-Uni.
C’était en 1978, en plein âge d’or du punk, elle avait 19 ans et le morceau c’était Wuthering Heights.
« C’est une pionnière. En découvrant son premier disque Wuthering Heights, en 1978, je me suis sentie moins seule. De l’autre coté de l’océan, une femme osait, comme moi, s’imposer dans un monde d’hommes. Mon allure de garçon manqué pouvait passer dans le rock, mais Kate était un ovni : incroyablement forte et, en même temps, sensuelle. Ses textes étaient poétiques, provocateurs, ses musiques expérimentales. »
Patti Smith

Quelques textes inspirés par Kate Bush ou qui convoquent Kate Bush.
Wuthering Heights a été écrit en 1847, par une jeune femme de son temps au coeur de l’Angleterre victorienne, on pourrait imaginer y trouver lande verdoyante, pureté et romantisme. Ce serait une grande méprise. Cette lande est battue par la violence de classe, la folie, l’énigme du désir, le racisme, la tendresse défaite, un mysticisme très sombre…
Ce livre -forgé dans l’inassouvi et sans concession pour les convenances- nous emmène jusqu’à des combles de destruction, de brutalité et de rugosité.
La fraternité la plus profonde devient un lien empoisonné. Amour, enfance et liberté deviennent tragique et flétrissure. L’innocence est dévastée. Ne grandiront plus que la douleur, l’avidité d’une vengeance implacable et un manque sans borne. Pourtant, quelque part, la beauté est partout, elle tient les personnages captifs.
C’est terrible, troublant et fascinant. Ce livre et son autrice ont quelque chose d’insondable.

Les Hauts de Hurlevent dans différentes éditions, différentes traductions et avec différentes préfaces.
Emilie Brontë, donc. En la suivant, nous arrivons, bien sur, au coeur d’une famille extraordinairement singulière dans l’histoire de la littérature.
Quatre enfants écrivain.e.s, timides et érudit.e.s ont écrit pendant des années les histoires qu’ils elles imaginaient dans leurs jeux d’enfants.

Textes poétiques, écrits de jeunesse (écrits à 8 mains) et correspondance de la fratrie.
Plus tard, les trois soeurs ont décidé de passer au roman, elles s’y sont attelées secrètement, se sont accompagnées, soutenues, encouragées. Jane Eyre (de Charlotte), Wuthering Heights (d’Emily) et Agnes Grey (d’Anne) sont tous publiés cette même année 1847 sous les pseudonymes masculins de Currer, Ellis et Acton Bell.
Emily a donc écrit à 29 ans son seul roman. Elle meurt de la tuberculose un an plus tard, quelques mois après Branwell et avant Anne.

Quelques Brontanités, quelques éléments biographiques et des textes pour découvrir ou pour penser l’écriture d’Emily Brontë.




Plus de 50 adaptations cinématographiques.